retour de Benedit Delbosc après de nombreuses pérégrinations

C'était en l'an de grâce 1544, au cœur du seizième siècle que l'illustre Benedit Delbosc, archiviste émérite du Vatican, se trouvait à entreprendre un périple inédit jusqu'au château marquisal d'Avignon, niché quelque part dans les replis de la Provence. L'air était empreint de mystère, le ciel arborant des teintes dignes d'une fresque de la Renaissance.

Benedit, l'homme au savoir incommensurable, descendit de sa mule avec une assurance qui ébranlait les certitudes même des pierres millénaires. Son manteau flottait dans le vent tel un étendard de la connaissance, et son regard pénétrant semblait déchiffrer les secrets enfouis des lieux saints.

Arrivé devant l'entrée du château, il fut accueilli par un garde dont l'intelligence semblait être le parent pauvre de la réflexion. Le garde, un colosse bardé d'une armure résonnant comme une symphonie d'huîtres, scrutait Benedit de ses yeux globuleux, cherchant désespérément à faire sens de la situation.

Benedit, d'un aplomb digne d'un diplomate, brandit ses laissez-passer, parchemins ornés du sceau papal. Le garde, louchant entre la perplexité et l'égarement, tâtonna maladroitement pour les examiner.

— Eh bien, mon brave, tu ne saurais donc distinguer l'approbation divine quand elle te saute aux yeux ? ricana Benedit.

Le garde, confus comme un chaton pris en flagrant délit de bêtises, bredouilla d'une voix rocailleuse :

— Euh, c'est que, voyez-vous, y'a des codes, des lettres, des chiffres... C'est bien compliqué tout ça, m'sieur.

— Complication ? s'exclama Benedit, l'air faussement étonné. Ne suis-je pas là pour apporter la lumière à ces ténèbres ? J'ai des laissez-passer plus saints que la moitié des saints du calendrier !

Le garde, décontenancé, tripotait les papiers comme s'il s'agissait d'une énigme démoniaque. Benedit, usant de sa verve savante, éclata de rire.

— Mon cher gardien des portes, si les lettres te donnent des maux de tête, que ferais-tu devant les manuscrits du Vatican ? Probablement une syncope intellectuelle !

Le garde, vexé, tenta une parade maladroite.

— J'peux pas laisser passer n'importe qui, m'sieur. Y'a des règles, tout ça...

— Des règles, tu dis ? reprit Benedit avec un sourire énigmatique. Les règles, mon ami, sont faites pour être contournées, comme le cours d'un fleuve qui trace son propre chemin.

Finalement, après une joute verbale digne d'une foire aux sottises, le garde s'inclina devant la sagacité de Benedit. Ce dernier, triomphant, pénétra dans la cour principale du château, laissant derrière lui un garde déconcerté et un sourire éclatant comme un trésor médiéval.

Le château d'Avignon, témoin silencieux des âges, se dressait majestueusement, ses pierres séculaires portant les stigmates du temps. Les tours effilées semblaient toucher le firmament, et les remparts racontaient des récits perdus dans l'ombre des créneaux.

Benedit Delbosc, nouvellement intronisé maître des lieux, s'enfonça dans les méandres du château, prêt à dévoiler les mystères enfouis dans les replis du temps. Le Vatican pouvait bien attendre, car en ce jour, la Providence avait placé Avignon entre les mains habiles de l'archiviste intrépide.

Et ainsi débuta une épopée où le savoir défia l'ignorance, où les laisser-passer triomphèrent des gardiens bornés, et où les manuscrits anciens révélèrent des vérités qui défiaient l'entendement des mortels. Benedit Delbosc, l'archiviste du Vatican, gravait son nom dans les annales du château d'Avignon, là où le passé et le présent se mêlaient en une danse éternelle.