Une porte dérobée s'entrebaîlle, découpant en deux le chevalier qui y est peint.
Une tête aux cheveux de jais passe par l'ouverture.
Coup d'oeil à droite, coup d'oeil à gauche : personne.
On traverse donc le couloir en évitant de marcher sur sa propre cape : ce serait balot.
"Voyons, où ais-je mis ce passe ? Ah, le voila..."
Une autre porte dérobée s'ouvre, séparant la dulcinée qui y est peinte de son amant, en lui arrachant les mains au passage. Ils n'avaient pas à se tenir si étroitement les mains, ces deux là : un peu de tenue !
La porte mène sur un couloir à peine assez long pour y faire tenir un homme. Evitant de se cogner la tête, le fonctionnaire tâtonne à la recherche de la porte suivante, l'ouvre et passe sans hésiter de l'autre côté, refermant derrière lui.
Ecartant la tapisserie derrière laquelle il est apparu, le directeur de l'Office des traductions s'époussete d'un air dégagé et s'avance vers les deux gardes à l'air abrutit placés devant la grande porte du bureau marquisal.
Bonjorn, tothom ! Belle journée, n'est-ce pas ? Dites, 'pourriez aller em cercar l'Yvain, si us plau ? J'aimerais encore une petite audience avec Sa Majesté.
Et de se détourner des molosses sans plus s'y intéresser, préférant se concentrer sur l'admiration de la tapisserie. Il était temps qu'il revienne : les "raccourcis" du palais commençaient à prendre la poussière et les toiles d'araignées.