Yvain était en plein travail quand on frappa à la porte. Il grommela un bref "entrez" et ne leva qu'à peine la tête des dossiers que lui avait confiés la Marquise.
Bonjour mon brave!, entendit-il.
Son sang ne fit qu'un tour! Depuis qu'il avait quitté la CSMAO en compagnie de la Comtesse et était devenu son secrétaire particulier après qu'elle ait été élue Marquise, il avait subtilement changé de statut. Désormais, les domestiques s'inclinaient sur son passage... et là! on l'appelait "mon brave"?
Il leva les yeux vers l'homme qui lui faisait face. Un petit bonhomme trapu qui ne payait pas de mine, l'air très vif, d'âge moyen, un peu grisonnant, mais qui semblait faire preuve d'une assurance voire d'un aplomb hors du commun!
Yvain l'aurait volontiers remis à sa place, mais en serviteur zélé, il se rappela que la Marquise lui avait dit attendre l'arrivée de son cuisinier. Ravalant sa fierté, il prit néanmoins son ton le plus compassé pour dire à l'arrivant :
Sa Majesté, et il insista sur le terme, n'est pas libre pour l'instant. Si vous voulez vous rafraîchir pour faire bonne figure devant elle, il ne rajouta pas ce qu'il pensait, à savoir "ce qui serait nécessaire", je vais vous faire conduire dans une chambre où vous pourrez ouvrir vos bagages.
Ce disant, il jetait un regard méprisant au petit sac que Scilart portait à la main