Le soleil s'était levé raillonnant à Melgueil ce matin. Chargée de venir au plus vite en Provence et jugeant que la distance serait plus courte en passant directement à Avignon, là où il y avait d'ailleurs la chancelerie, devenue marquisale il y a de cela quelques temps, elle s'y rendit sourire aux levres.
La Canceliara Occitana, aussi capelan de Besièrs, arriva trotinant, quelque peu balottée dans tous les sens, et aerée de tout côté par le vent qui soufflait au alentours du Castel.
Une porte, quelques gardes, la confiance est de mise, les deux hommes saluent l'abbesse, ce qui la ravie, au contraire des terres de Lengadoc, lo Marchese dei Alpi Occidentaï était pieux.
Se remémorant la tête du Marquis qu'elle avait vu lors de la cérémonie anniversaire de l'indépendance, venue pour lo Com d'Alanha, n'ayant pu s'y présenter, elle sourit! Pensant tout à coup à son frère, empetrer dans cette galère, qu'elle semblait partager, elle resta béate, se demandant si elle aurait le plaisir de recroiser la Comtessà de l'époque.
D'un geste digne d'une cavalière aguérie, elle descendit de monture, tout en la confiant à un écuyer, elle songeait à ce qu'elle allait bien pouvoir dire, la demande de son Com était inhabituel, tout autant que celle de l'ambaissadora de Provençou en Lengadòc, mais elle avait pris cette habitude.
Messer! Dit-elle tonitruante, claquand des doigts, comme oubliant la déontologie aristolicienne, la prestance et la retenue qu'elle devait avoir en tant que bergère.
Allez donc annoncer Marie Amélie de Cortilloles, Canceliara Occitana, à ses Excellences Lylyth de Lunel et Océane da Pazzi