L'hospice d'Avignon

Sujet: L'hospice d'Avignon Ven 30 Oct 2009, 18:56

A la limite sud du quartier de l'Estel, là où se trouvaient les principaux ateliers de cordiers, se dressait un bâtiment de pierre brute assez massif, derrière lequel s'étendait une cour. Il s'agissait d'une ancienne léproserie dédiée à St Lazare, construite plusieurs siècles auparavant à l'écart de la zone habitée mais désaffectée depuis que la ville s'était étendue.

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Hersende de Brotel
L'hospice d'Avignon Marqui12

Sujet: Re: L'hospice d'Avignon Sam 07 Nov 2009, 19:26

L'archevêque pénétra l'édifice que lui avait indiqué Sa Majesté Marquisale. Il était venu seul, au beau milieu du quartier de l'Estel. Quartier pauvre, ô combien dangereux et miséreux.

Bien que profondément pieux, l'archevêque ne côtoyait que rarement l'extrème pauvreté. Brignoles avait son lot de pauvres bien sûr, mais la misère n'était pas si grande qu'Avignon. Même celle d'Aix faisait pâle figure à coté. En effet, plus la richesse est présente - et nul doute que les fastes Marquisaux le sont - plus la misère en périphérie était grande.

Bien que peu habitué ces dernières années, le comte n'avait été qu'un de ces "bâtards jouant dans la fange avec les chiens". Cette phrase, Ludovi qui avait alors 8 ans ne l'avait jamais digéré. A l'époque un noble s'était quereller avec sa nourrice et les avaient rabaisser plus bas que terre, réduit à l'état d'animaux. Une larme s'insinua sur son visage qu'il chassa d'un revers de la main. Ce dispensaire, cet hospice ce serait pour éviter ça. Si au moins il sauvait une vie, comme la sienne avait été sauvée par Mickaelle, il aurait gagné. Et il allait avoir du boulot, bien que Kylee lui serait d'une aide précieuse.

Il avait donc devant les yeux un local assez spacieux, avec plusieurs pièces.

Une spacieuse avec bien des fenêtres qui serait parfaite pour y installer le dortoir. Malades et miséreux pourraient y guérir ou s'y reposer.
Une étroite, qui ferait un bureau parfait pour Kylee et Ludovi. Il y avait une fenêtre, mais elle donnait sur une ruelle pestilentielle, rien qui offrait une vue imprenable. On ne se battrait pas pour l'avoir près de soi !
Restait deux cellules, une dans laquelle ils pourraient stocker les différents remèdes, et l'autre pour ...

A vrai dire l'archevêque n'en avait pas la moindre idée. Il aurait bien pensé à une salle de classe, mais qui viendrait s'instruire ? Une chapelle, mais l'archevêque savait que rejeté dans la plus grande misère, la foi ne signifiait pas grand chose. Qu'importe pour l'instant elle servirait de débarras. Plus tard qui sait ...

Ludovi faisait le tour de la bâtisse inspectant les boiseries, ce qu'il faudrait changer, quelques fenêtres et surtout un bon coup de nettoyage. L'odeur était limite insoutenable. Il poussa une porte fenêtre qui grinçait horriblement et aperçut la cour centrale. Une jolie cour, mais qui avait surtout un avantage capital ... L'eau. Une fontaine d'eau qui permettrait à l'hospice de lutter contre les maladies et les épidémies. L'eau était la clef, et avoir un ravitaillement et un écoulement était une bénédiction.

Bien, un bon potentiel se dit il. L'archevêque sorti de sous son manteau une petite cassette qui contenait des écus d'or. Il les avaient garder pour autre chose, mais qu'importe cette cause était au moins aussi importante que celle d'origine ....

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L'hospice d'Avignon Ldqi

Nombre de messages : 91 Date d'inscription : 21/01/2009

Ce jour là, Aurore était partie à la découverte des bas quartiers d’Avignon. En fait, elle cherchait l’ancienne léproserie, mais ne la trouvait guère, parmi ce dédale de petites ruelles mal famées. D’ailleurs, elle ne pouvait s’empêcher de remarquer l’effet que sa belle peau blanche faisait sur les quelques ivrognes qui traînaient déjà dans les rues à cette heure ci. Heureusement pour elle, la jeune femme avait plusieurs atouts de taille. Le premier était ses formes inhabituelles, signe qu’elle portait la vie en elle. Et si celui là ne faisait pas d’effet, l’épée ceinte à sa taille dissuadait les plus audacieux de s’approcher d’elle. Depuis les mésaventures d’Atch’, elle n’aimait pas se promener seule sans une arme, bien qu’elle répugnait à s’en servir. Mais elle s’était fait le serment de protéger son enfant quoi qu’il arrive, et s’il fallait la sortir de son fourreau, elle le ferait sans aucune hésitation.

Finalement, elle demanda son chemin à une gamine crasseuse qui passait par là, et qui accepta de monnayer son renseignement contre le ruban qu’Aurore avait noué autour de son poignet, et qui lui servait à maintenir ses boucles quand elle devait réfléchir. En souriant, la jeune diaconesse lui tendit son dû, qui ne devait pas valoir plus de quelques deniers, mais qui faisait tant plaisir à la petite, et ajouta avec cela quelques écus tout droit sortis de son aumônière, pour qu’elle puisse aller s’acheter de quoi rajouter un peu de graisse sur son corps décharné. La gamine lui indiqua sa route, toute contente de ne pas avoir perdu sa journée, et s’en fut en courant, pendant qu’Aurore se dirigeait vers ce qui devait être l’hospice, se rendant compte qu’elle tournait autour depuis un quart d’heure sans le trouver.

Arrivant devant, elle se rendit compte que la porte n’était pas fermée. Étrange… Elle entra sur la pointe des pieds, craignant de déranger une bande de vagabonds qui y aurait élu domicile, et prêts à se défendre pour conserver leur « territoire »… Quatre pièces s’offraient à elle, comme prévu. Le bureau, l’herboristerie, le grand dortoir, et la quatrième pièce dont l’utilité n’avait pas encore été déterminée. Et puis en y réfléchissant, l’utilité de cette quatrième pièce tomba sous le sens. La cuisine, bien évidemment ! Comment pourraient-ils nourrir les pauvres d’Avignon s’ils n’avaient pas de cuisine ? Fière de sa trouvaille, elle sortit son carnet à croquis et un fusain de sa besace qui ne la quittait jamais. Mais elle ne comptait pas dessiner, simplement s’en servir pour écrire une liste approximative de toutes les choses qu’elle pourrait caser ici. Mais alors qu’elle posait la mine de charbon sur le grossier papier, et s’apprêtait à tracer le « B » de « Bureau », son regard fut attiré par une forme qui se mouvait, à l’extérieur de la bâtisse, et qu’elle n’avait d’abord pas remarqué à travers les carreaux crasseux. Poussant la fenêtre vers l’extérieur, elle passa sa tête dans l’entrebâillement, pour voir de qui il pouvait s’agir.

- Monseigneur ! Je ne pensais pas vous trouver ici !

Elle referma la fenêtre, et se précipita dans la cour.

- Pardonnez-moi, je ne vous avais pas vu à travers les vitres… Eh bien, nous avons beaucoup de pain sur la planche. D’ailleurs, j’ai trouvé une utilité à la quatrième pièce… Nous n’avions pas pensé qu’il faudrait une cuisine ! J’étais en train de préparer une liste de toutes les choses que nous aurions à nous procurer…

Disant cela, elle s’approcha de ce qui avait du être un lit, autrefois, et qui maintenant n’était plus qu’une carcasse de bois rongée par l’humidité, la pourriture et les vers. Elle posa sa main dessus, comme pour s’assurer de sa solidité, et il s’effondra aussitôt en un tas de planches vermoulues.

- Je pensais faire appel à la générosité de nos nobles, et me porte déjà garante de Marignane… Cela leur donnera l’occasion de faire une bonne action, car je doute que beaucoup d’entre eux se consacrent à quelque bonne œuvre… Qu’en pensez-vous ? Nous pourrions organiser… Je ne sais pas moi ! Remarque, c’est fâcheux de ne pas savoir quoi organiser quand on est chef-cigale…

Bon, j’étais partie sur le bureau. Mis à part deux bureaux et deux chaises, vous voyez quelque chose ?

Sujet: Re: L'hospice d'Avignon Dim 08 Nov 2009, 22:58

- Monseigneur ! Je ne pensais pas vous trouver ici !

L'archevêque referma la cassette brusquement. Il avait eu peur d'un vol.

Ah ma fille, te voilà. Je viens à l'instant d'arriver ! Une cuisine ? Mais en effet c'est une excellente idée. Que suis-je bête de n'y avoir pensé plus avant ! Kylee aux fourneaux donc.

Un crac fracassant, vieille relique sonore d'une couche des temps jadis qui se meurt dans la poussière.

Tu peux rajouter un lit, déclara l'archevêque au bord des larmes (de rire cette fois ci !) Et oui mobiliser la noblesse est une bonne idée tiens. Si tu peux rédiger quelque chose je l'afficherais à l'Assemblée des Nobles.

Découvrant le coffret. Tiens, regarde quelques liquidités. Le mieux selon moi est de les employer a payer des ouvriers. Les boiseries sont a refaire, certaines vitres, par contre le toit semble intacte. Les dons quant à eux fournirons le mobilier.
La somme est rondelette, mais avec les travaux qui s'annoncent, il ne seront pas de trop.

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L'hospice d'Avignon Ldqi

Nombre de messages : 91 Date d'inscription : 21/01/2009

En effet, elle rajouta un lit, et même un petit (x10) à côté, évaluant au petit bonheur la chance la place qu'il y avait dans le dortoir. Ne pas oublier quelques berceaux, au cas où ils auraient à s'occuper de jeunes enfants.

Oui, il faudrait faire quelque chose pour l'ADN... Mais elle pensait à faire une sorte d'animation pour collecter des fonds, c'était toujours plus drôle que de devoir faire une simple demande... Et une idée germait dans sa tête, restait à savoir si ces demoiselles et ses messieurs des Cigales suivraient la tendance. Elle proposerait, elle proposerait...

Puis elle jeta un œil à ce prodigue Harpagon et à sa cassette pleine d'écus. Un mince sourire naquit sur ses lèvres.

Et surtout un bon coup de ménage !

Et continuant son tour du propriétaire, elle continuait à noter frénétiquement toutes sortes de choses (oui, elle était une grande adepte des listes!).

Marquise de Provence Nombre de messages : 14716 Date d'inscription : 14/05/2007

De grand matin, une silhouette encapuchonnée se hâtait sur les pavés de la rue principale, suivie par une carriole bâchée sur laquelle se trouvait un cocher à l'allure assez martiale malgré ses vêtements civils et derrière laquelle marchaient quelques portefaix. Tout oeil exercé aurait immédiatement remarqué que ces hommes ne semblaient pas habitués à porter de lourds fardeaux, et aurait noté les regards circonspects qu'ils jetaient continuellement tout autour d'eux.

Mais sans y prêter attention, la mince silhouette poursuivait son chemin d'un pas assuré vers l'hospice récemment ouvert.

Arrivée devant la porte, alors que le cocher arrêtait sa mule, elle frappa au heurtoir et attendit qu'on lui ouvre.

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Hersende de Brotel
L'hospice d'Avignon Marqui12

Une charrette tiré par un âne et guidé par un cocher en soutane, voilà ce que l'on pouvait voir dans le quartier de l'Estel en ce matin de décembre. Le froid avait envahit la ville d'Avignon depuis quelques jours, et l'hospice n'était pas encore ouvert. L'archevêque avait fait modifier son emploi du temps et avait décider de terminer l'hospice rapidement, afin de l'ouvrir dès Janvier. Après un bref passage à Rocbaron, afin de récupérer quelques trucs, il avait prit la route. Il voyageait sans escorte, en tout cas sans escorte visible.

Guihèn ne voulait plus le laisser seul depuis sa triple attaque sur la route d'Arles, mais un détachement de la garde effraierait les malheureux. Quelques hommes d'armes étaient donc en civil, et occuperait une taverne non loin de là prêt à agir en cas d'alerte. Ludovi était confiant, autant sur les routes le danger était grand, autant en ville de jour, sa position d'archevêque lui assurerait une certaine sécurité.

Alors qu'il était en vue de la porte de l'hospice, Ludovi aperçut une silhouette encapuchonnée. Arf, il ne manquait plus qu'un enquiquineur pour le retarder dans sa tâche ...

Bien le bonjour, excusez moi mais qu'est ce que vous voulez ? Le dispensaire n'est pas encore ouvert. Si il y a une urgence je peux toujours voir ce qui ne va pas mais je suis loin dêtre médecin.

Il fit se déplacer l'individu d'un geste ferme. Pardon, poussez vous que je puisse ouvrir cette porte. Glissant une clef dans la serrure il continuait. Alors ? Z'êtes muets ?

Et bien entrez, et répondez moi. Apercevant une carriole autre que la sienne non loin de là. Et ça c'est quoi ? C'est a vous ?

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Nombre de messages : 91 Date d'inscription : 21/01/2009

Et Aurore d'arriver à la suite de son archevêque, à l'heure convenue, pour une fois. Elle était encore un peu loin dans la ruelle, deux gardes de Marignane sur ses talons, mais chargés de piles de vêtements - et donc par là : Incapables de la défendre en cas d'attaque - mais si Alexis l'avait obligée à emmener deux gardes avec elle, il n'avait pas précisé qu'ils devaient être en état de s'interposer entre elle et quelque veau-you du quartier.

Et de loin, elle distinguait Riri, qui n'avait pas l'air d'être à prendre avec des pincettes ce jour là. Aurore activa le pas afin de pouvoir soustraire cette pauvre silhouette encapuchonnée des foudres du comte d'Apt.

Bonjour Monseigneur !

Puis Aurore commença à observer l'encapuchonné, avec sa curiosité habituelle. En fait il s'agissait plutôt d'une encapuchonnée, et qui plus est ne devait pas être du coin, vu la blancheur de ses mains, et l'étoffe de son vêtement, qui n'était pas "en peau de lapin" (expression adorée par la Vicomtesse). Les deux hommes qui étaient plantés derrière elle et ne semblaient savoir comment réagir lui donnèrent encore un peu plus de grain à moudre.

Et bien, Riri, on a pas idée d'être aussi malpoli avec une Dame !

Marquise de Provence Nombre de messages : 14716 Date d'inscription : 14/05/2007

Hersende fit glisser la capuche qui cachait ses traits avec un air faussement contrit.

Eh bien Monseigneur, quel accueil à une pauvre pécheresse que vous avez conviée en pénitence à servir les pauvres dans cet hospice!

Elle riait franchement de la surprise de son ami.

Bonjour Richelieu! Aurore, merci de votre gentillesse!... Dites il est toujours grognon comme ça?
Et ça, dit-elle en désignant la carriole entourée de ses gardes, ce sont des vêtements, de la nourriture, de la vaisselle et des draps pour vos oeuvres, Monseigneur.

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Hersende de Brotel
L'hospice d'Avignon Marqui12

Une Dame ? Hum, mais je n'ai pas été impoli, je lui ai même offert mon aide ! Il se retint de dire qu'il y avait toujours des gêneurs sur son chemin ces temps ci. Fichtre et foutre de vie !

Eh bien Monseigneur, quel accueil à une pauvre pécheresse que vous avez conviée en pénitence à servir les pauvres dans cet hospice!

Un an ! C'est un an de monastère qu'il aurait fait à la suite de son exploit si il ne connaissait pas si bien la Marquise. Il était tout de même bien ennuyé ...

Hers-Hers, je ... veux dire, Votre Majesté, chuchota l'archevêque. Je ne savais pas. Je ne suis pas grognon mais euh. Oh et puis je crois que l'humilité de l'hospice ne me fera pas de mal non plus ... Conclut l'archevêque un brin gêné, mais qui ne pouvait s'empêcher de sourire.

Entrons mes amies, entrons. Et bien, de la nourriture, de la vaisselle, des vêtements et des draps. Ma foi vous complétez parfaitement les meubles que j'ai pu amené.

L'archevêque sorti une liste de la poche de son Mantel.

J'ai quelques lits, des coffres et quelques tables. J'ai dépouillé Rocbaron de deux Crédences et des deux dressoirs également. Je ne désespère pas de trouver une bureau, et éventuellement une baignoire. Mais de toute façon nous ne pourrons pas faire laver nos malheureux sans de l'eau chaude. Et la cheminée est totalement inexploitable pour le moment, il faut que je fasse venir un charpentier et un forgeron.

Hum, je vois que nous avons de la main d'œuvre, peut être devrions nous faire décharger nos charriots !

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