Benedit avait quitté Aix de bon matin, La chancelière lui avait demandé de se rendre prestement jusqu'à Avignon...Le chemin ne l'effrayait pas, il ressentit même une pointe d’excitation...Retrouver Avignon, l'antique Avenio et ses remparts les immenses lices qui lui donnaient le tournis et qui donnait à la ville un air imprenable...Après un arrêt à Cadenet et à Lourmarin puis Apt, Benedit avait fait le voyage d'une traite jusqu'à la ville de son enfance et de ses chères études...Il avait longé tout du long la Durance et se retrouvait près du Rhône majestueux...Il rentra par la porte Magnanen et ne put s’empêcher de monter jusqu'au Rocher des Doms, il avait un peu d'avance La chancelière ne lui en voudrait certainement pas...Le château était tout à coté...Il descendit les marches qui, du jardin des papes descendait jusqu'au château marquisal, l'entrée, immense qu'il n'avait dans ses jeunes années qu'entraperçue désormais on l'invitait à y entrer, il présenta le laisser-passer frappé du sceau de sa Majesté Hersende, le garde lui indiqua alors un couloir qui menait jusqu'au vestibule, antichambre des salles de travail de réunion et de repos des puissants du marquisat...Apres avoir poussé la lourde porte de chêne il sut qu'il était dans le saint des saints, Il avisa un banc près d'une immense cheminé de pierre ou brûlait une bûche d'au moins cinq coudée...quasiment un arbre, les fenêtres, nombreuses, étaient closes par des vitraux en forme de losanges jaune et vert qui faisait une douce lumière dans la pièce, le sol était carrelé de moellons de terre cuite cirée en forme de losange ... le caractère austère s’effaçait aussi devant les tapisseries de couleurs chaudes au murs de la pièce qui finissait par rendre l'endroit agréable...On disait que c'était la Marquise elle même qui choisissait l'agencement des pièces ainsi que les meubles...Benedit n'y croyait qu'à moitié...comment une femme avec autant de responsabilités pouvait encore avoir le temps pour ce genre de choses?
Il s'assit sur le banc en appuyant son dos contre le mur...La Chancelière lui avait écrit qu'elle viendrait personnellement l'accueillir et que Sa Majesté pourrait être là aussi ! Il avait bien fait de prendre dans son baluchon une petite serviette une cruche sertie qu'il avait remplie avec l'eau de la Durance et de la terre de Sommieres aggloméré pour se laver visage et main afin d’être présentable! Il s'assit en appuyant son dos et l’arrière de son crane contre le mur, sa toque poussée en avant sur son visage constellé de taches de rousseur il finit par s'endormir...